Indépendant, bilan après 9 mois

9 mois d'activité. Et si je profitais de la chaleur de l'été pour faire un nouvel article de bilan intermédiaire ? Un troisième trimestre en demi-teinte, fait de hauts et de bas.

C’est avec un peu de retard que je publie ce troisième article “bilan” trimestriel, après un peu plus de 10 mois d’activité au compteur.

La vérité, c’est que j’ai mis beaucoup de temps à trouver “l’angle d’attaque” pour cet article, d’où son retard de publication. Alors pourquoi un tel blocage ?

Le moins que l’on puisse dire c’est que ce troisième trimestre s’est caractérisé par “des hauts et des bas”, plus que jamais. La routine des indépendants vous diront certains.

En lisant ces lignes, vous vous rendrez comptes que ces dernières semaines ont rebrassé des problématiques un peu centrales – et déjà évoquées dans des articles précédents – de mon parcours. Assez de mystères, que s’est-il vraiment passé ces 3 derniers mois ?.

Viaduc de Glenfinnan, Ecosse - Il semblerait que le Poudlard Express ne s’arrêtait pas à cet arrêt, dommage !

S'accorder un “vrai” break

La première partie de ce trimestre a essentiellement consisté à boucler les projets initiés lors du trimestre précédent pour ensuite “me récompenser” en partant en voyage une petite semaine en Ecosse durant le mois de mai.

Un pays aux paysages sublimes qui m’ont permis de déconnecter véritablement avec tout ce qui avait rapport au numérique

Bien sûr, comme à chaque période qui précède un départ en vacances, il m’a fallu redoubler d’efforts pour pouvoir partir sereinement avec la satisfaction d’un devoir à peu près accompli. Une période un peu “sportive” sans être insurmontable. Je pouvais donc tranquillement décoller pour adresser “un petit coucou à Nessy”.

À cet instant, j’ai pu mesurer la chance et la flexibilité que représentait le statut d’indépendant : pouvoir partir une semaine “hors saison” et sans devoir rendre de compte. La parfaite “image d’Epinal” du freelance “nomade” parcourant le monde quand ça lui chante issue de l’inconscient collectif (et un peu le mien).

Il s’est pourtant passé quelque chose d’assez inattendu à mon retour : j’ai eu énormément de difficultés à reprendre un rythme productif “de croisière” (en admettant que je sois déjà parvenu à en établir un). Quelque chose clochait mais je ne parvenais pas à l’identifier. Je n’ai, hélas, pas trop eu le temps de m’y pencher car l’activité a repris de plus belle.

C’est ce que j’ai déjà pu appeler – non sans une certaine ironie – “mes problèmes de riche” : avoir trop de projets à satisfaire pour avoir suffisamment le loisir d’écouter mon propre rythme et mes sensations.

À partir de cet instant j’ai commencé à surveiller régulièrement le calendrier. Dans le viseur, la date du 28 septembre 2019. Date clé pour moi puisqu’elle marquera mon premier anniversaire en tant qu’auto-entrepreneur. Le calcul était vite assimilé : il me restait à peine quelques mois pour tenter d’atteindre l’objectif plutôt modeste que je m’étais fixé un an plus tôt, parfaitement conscient que cette année 1 serait celle du tâtonnement.

S’est alors introduit dans ma tête la notion de “prévisionnel”. En me basant sur les projets probables ou déjà confirmés qui m’attendaient durant les semaines et mois à venir, je pouvais – dès début juin – en conclure que cet objectif serait certainement atteint et potentiellement “largement” dépassé, mais sans pour autant me permettre d’en vivre correctement (sans coup de pouce de l’Etat), même si ce but de viabilité se rapproche. J’ai même commencé avoir de la visibilité pour l’année suivante. Toute la question allait être de savoir ce qui serait facturé en année 1 et ce qui serait reporté sur l’année 2, en terme de chiffre d’affaires. Là encore, des “problèmes de riche” …

Alors, en définitive, quel était le véritable enjeu pour moi ? Sans être totalement représentative, cette première année d’activité avait pour lourde tâche de me permettre d’établir si ce choix de (seconde) carrière d’indépendant avait un avenir sur le long terme. Que cela financièrement, intellectuellement ou émotionnellement, tout serait sans douter trancher en septembre 2019.

Une deadline purement “psychologique” qui m’a parfois mis dans un état de relative fébrilité.

Call me by your name, Luca Guadagnino (2017)

La pesanteur estivale ...

Après 4 ans en agences, j’étais parfaitement conscient d’une chose : mon activité risquait de drastiquement ralentir à partir du mois de juillet. Et je ne me suis pas trompé à ce propos. Certains auraient pu y voir une “fenêtre de tir” pour prendre de nouvelles vacances. À cet instant, un vieil ennemi s’est réveillé des limbes de mon passé de salarié : le complexe consistant à considérer que je n’avais pas totalement mérité ces congés, replongeant dans mes travers de “jusqu’au boutiste” déjà identifiés lorsque j’étais encore salarié

Parallèlement à cela, et à ma grande surprise, beaucoup de sollicitations se sont présentées à moi, en vue de l’année prochaine : des demandes plus ou moins porteuses de sens, à chiffrer, sans garantie de concrétisation. L’erreur que j’ai fait à cet instant, c’est de trop fantasmer sur le virage que prendrait mon activité si toutes ces sollicitations aboutissaient en même temps.

Et soudain, la panique. Celle de la perspective de semaines entières à être totalement débordé alors que je m’estimais déjà bien essoufflé. Panique elle-même contrebalancée par un certain rationalisme quant à la faible probabilité que l’intégralité de ces opportunités voient le jour. La suite m’a donné raison puisque plusieurs d’entre elles sont progressivement tombées à l’eau, me laissant face à quelques-unes de mes premières vraies désillusions d’indépendant et – paradoxalement – un certain soulagement de ne pas devoir toutes les affronter

J’ai ainsi perdu de vue – un court instant – que cela faisait partie du jeu et que j’avais d’autres pistes en vue appelant des confirmations au cours de l’été. 

Mad Max : Fury Road, Georges Miller (2015)

... jusqu’à la panne sèche !

Après être arrivé à bout de cette phase de chiffrage, je me suis retrouvé au milieu d’un carrefour. 

D’un côté, je n’avais pas d’autre choix que d’admettre que j’étais pratiquement en situation de “chômage technique”, faute de projets avant plusieurs semaines. Un certain constat d’échec a parfois planer très près de mon oreille, face à mon propre présentéisme de façade dans lequel je me drapais.

De l’autre, la culpabilité m’obligeait à mettre à profit ce “temps mort” pour m’auto-former et me remettre à jour sur certaines avancées techniques ayant connu des avancées encourageantes ces derniers mois. J’imaginais cela comme une façon de ne pas laisser filer le train sans moi (et de me rassurer). Un sentiment qui a pris racine après avoir participé aux jury de fin d’études des M2 de l’ECV Digital. Durant plusieurs de ces présentations, j’avoue avoir reçu “une claque” concernant mes propres pratiques et connaissances. 

Enfin, à l’autre extrémité, un constat un peu plus amer a surgi : celui de ne plus avoir grand-chose à donner intellectuellement, du moins sans en ressentir immédiatement une immense fatigue. Ma motivation et ma créativité étant totalement sclérosées et abrutie par la chaleur.

Une situation qui aurait dû m’alerter, me poussant à réaliser que “j’étais au bout du rouleau et je pédalais dans le vide, depuis déjà quelques semaines”. Cette impression de stagner m’a malheureusement fait éclipser toutes les belles perspectives de projets passionnants à venir : la confiance renouvelée de certains partenaires, des cours récurrents d’UI Design à partir de septembre, une implication croissante au sein du projet “Bande à Part”, la participation probable à un podcast audio, etc. Bref le genre de projets auxquels j’aspirais en me lançant.

À la place, j’ai laissé mon moral sévèrement flancher face à mon incapacité à assumer mon besoin de m’octroyer du temps. Et pour cause ! Depuis presque 2 ans, je n’ai cumulé que 5 semaines de véritables congés. Bien trop peu pour se dire “raisonnable”. Les autres périodes d’arrêts ayant consisté “de gré ou de force” à me retaper après avoir “trop tiré sur la corde”. Rien de nouveau donc …

C’est sur cette note “douce-amère” que je conclue ce troisième article de bilan intermédiaire : en abordant la suite, à la fois un peu plus serein quant aux réelles opportunités de développer mon activité, mais également quelques peu consterné par ma propre gestion émotionnelle des événements, une fois encore. 

Si je suis totalement honnête, je dois nuancer ce constat en affirmant que je butte de moins en moins sur les problèmes “de débutants” tels que l’actualisation mensuelle (et autres démarches administratives de base). 

À l’inverse, je fais face à de nouvelles problématiques bien plus profondes à relever et pour lesquelles je n’ai pas encore toutes les réponses, pour le moment du moins … 

Alors, on continue ? Bien sûr, je vous donne rendez-vous à la rentrée pour le bilan de ma première année complète. 

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